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hétéroclite, écoute le temps, la tête dans les étoiles, les pieds par dessus

 

 




125 Zhuang Zi — Nei Pian — Chapitre 6
Les Tablettes Intérieures

ZHUANG ZI — 莊子

LES TABLETTES INTÉRIEURES — 内篇


Sixième chapitre
LE MAÎTRE DU HAUT LIGNAGE
卷三上 第六 大宗師

<— Chapitre 5. Sommaire Chapitre 7. —>

 

6.1

Qui pénètre l’action céleste, qui pénètre l’action humaine, atteint la perfection. Pénétrer l’action céleste, c’est croître avec le ciel ; pénétrer l’action humaine, c’est nourrir par la pénétration ce que l’on ne peut pénétrer : de façon à aller jusqu’au bout de l’âge fixé par le ciel sans mourir prématurément au beau milieu du chemin. Telle est la suprême perspicacité.

Cela a de quoi rendre perplexe. Ce que le savoir accueille pour l’examiner ensuite, se présente toujours comme particulièrement indéterminé. Comment arriver à savoir si ce que le moi universel dit ressortir au ciel ne relève pas de l’homme ? si ce qu’il déclare appartenir à l’homme ne dépend pas uniquement du ciel ?

L’homme vrai a précédé le savoir vrai. Que signifie l’homme vrai ? L’homme vrai de l’antiquité ne rejetait pas l’infime, n’était pas exalté par le succès, ne combinait aucun plan. Il était ainsi fait qu’il passait sans rien regretter ; dans les moments propices il ne cherchait pas à obtenir quoi que ce fût pour lui-même. Il s’élevait haut sans trembler, entrait dans l’eau sans être mouillé, dans le feu sans être brûlé. Un homme tel que lui, la force de son savoir le portait sur les hauteurs de la Voie.

L’homme vrai de l’antiquité avait un sommeil sans rêve, un réveil sans chagrin, sa nourriture n’était pas succulente, mais profonde, profonde était sa respiration. Alors que pour respirer il se servait de ses talons, la multitude aujourd’hui utilise seulement la trachée. Courbée, assujettie, elle a, semble-t-il, la gorge obstruée par des glaires. Plus les désirs vont profond, plus le sentiment céleste reste superficiel.

L’homme vrai de l’antiquité ignorait ce qu’est se réjouir de la vie, ce qu’est haïr la mort ; il sortait de l’absence sans plaisir, y entrait sans dégoût. D’un battement d’ailes il allait, d’un battement d’ailes il venait, c’était tout. Il n’oubliait pas son propre commencement, ni ne recherchait sa propre fin. Ce qu’il recevait le réjouissait, ce qu’il oubliait le renouvelait. Cela équivaut à dire qu’il n’employait pas son cœur à détruire la Voie, ni n’utilisait l’homme pour seconder le ciel. Voilà ce que signifie l’homme vrai.

Tel, il était en lui-même, le cœur absent, la contenance calme, le front vaste. Se glaçait-il, il se mettait à ressembler à l’automne ; tiédissait-il, il devenait semblable au printemps. Ses joies et ses fureurs se succédaient en relation avec les quatre saisons ; uni aux êtres et aux choses, il était cependant insondable. (*)

L’homme vrai de l’antiquité en imposait par son aspect, mais sans inspirer de la crainte. Quelque chose semblait lui manquer qu’il refusait de recevoir. La solitude lui agréait, cela sans entêtement. Il épanouissait sa vacuité en s’abstenant de toute fioriture ; éclos, il paraissait être le bonheur ! Dans ses mouvements il était guidé par la nécessité. Rassemblé en lui-même, il pénétrait la tonalité de chaque individu ; harmonique, fixait en chacun la vertu ! Vaste, il ressemblait au monde, et sa vastitude augmentait sans que personne pût lui imposer de limites ! Entièrement contenu en lui-même, il était comme fermé à tout ; ailleurs, il oubliait qu’il était doué de parole. (**) C’est pourquoi ce qu’il aimait était un, un également ce qu’il n’aimait pas ; de même, ce à quoi il s’unissait était un, et un ce à quoi il ne s’unissait pas. Rejoignant l’un, il était le compagnon du ciel ; se retirant de l’un, il devenait le compagnon de l’homme. Celui chez qui ni l’homme ni le ciel ne l’emportent l’un sur l’autre se nomme l’homme vrai.

 

6.2

La mort et la vie sont au Décret ce que sont au ciel dans leur régularité la nuit et le jour. Ce qui en l’homme ne peut être atteint s’accorde avec l’élan intime des êtres et des choses dans leur totalité. Certains prêtent une attention particulière au ciel, semble-t-il, au point de le considérer comme leur père et de le vénérer tant qu’ils ont un corps ; à plus forte raison devraient-ils se porter vers la Sublime ! D’autres révèrent tant leur prince qu’ils paraissent l’estimer plus qu’eux-mêmes, et lui offrent leur personne en sacrifice ; à plus forte raison devraient-ils honorer la Vraie ! Quand la source est tarie, les poissons se retrouvent sur le sec, et ils s’aspergent de leur souffle mouillé, s’inondent mutuellement de leur salive. Ils auraient mieux fait de s’oublier les uns les autres dans les fleuves et les lacs. Plutôt que louer Yao et rejeter Jie, il serait préférable de les oublier tous deux et de se fondre dans la Voie. (***)

Dissimuler sa barque à l’endroit le plus encaissé, ses nasses au milieu des marais, cela s’appelle mettre en lieu sûr ; mais si à minuit quelqu’un plein de force charge sur son dos barque et nasses, puis s’en va, parce que l’on sera abruti de sommeil, on ne s’en rendra pas compte. Cacher de la sorte le petit dans le grand, c’était bien, néanmoins il y a eu perte. Si l’on cache l’étendue sous le ciel dans l’étendue sous le ciel, il ne peut y avoir perte. Ainsi dure l’élan suprême des êtres et des choses. Prendre apparence humaine suffit à réjouir. Celui qui a revêtu forme humaine, s’il voyait ses dix mille métamorphoses non encore parvenues à leur terme, grande serait sa joie de pouvoir venir à bout du calcul ! C’est pourquoi le sage désire voyager dans ce qui ne peut être perdu des êtres et des choses pour y séjourner. Les hommes prennent modèle sur lui en ce qu’il rend excellents commencement et fin, jeunesse et vieillesse ; à plus forte raison faut-il le tenir pour maître en ce qu’il se lie aux dix mille êtres et choses, ne formant plus qu’un avec ce qui assure la continuité de leurs transformations.

 

6.3

Or la Voie est élan intime, sa présence est affaire de foi. Elle agit dans le retrait, étant inapparente. Elle peut être transmise sans possibilité de l’acquérir, peut être atteinte sans possibilité de l’apercevoir. Elle est sa propre émergence, sa propre racine. Le ciel et la terre n’étaient pas encore que sa propre antiquité l’avait portée à exister. Démons, émanations, déhiscences en procèdent ; d’elles naquirent le ciel et la terre. Plus haute que le faîte suprême, nulle est sa hauteur ; plus basse que les six orients, nulle est sa profondeur ; antérieure à la naissance du ciel et de la terre, nulle est sa durée ; grandie dans l’antiquité la plus reculée, nul est son âge. (Xi Wei, quand il la rejoignit, mit en ordre le ciel et la terre ; Fu Xi, quand il la rejoignit, s’unit à la mère des souffle ; le boisseau polaire, quand il la rejoignit, se fixa pour longtemps ; le soleil et la lune, quand il la rejoignirent, commencèrent à se mouvoir pour longtemps ; Kan Pei, quand il la rejoignit, s’unit au mont de la méditation lumineuse ; Feng Yi, quand il la rejoignit, voyagea dans la rivière suprême ; Jian Wu, quand il la rejoignit, habita la montagne suprême ; Huang Di, quand il la rejoignit, gravit le ciel des nuées ; Zhuan Xu, quand il la rejoignit, séjourna dans le palais subtil ; Yu Qiang, quand il la rejoignit, se tint debout sur le faîte du Nord ; la reine mère de l’occident, quand elle la rejoignit, s’assit sur le mont de la vastitude disparue — et nul ne connaît ni son commencement ni sa fin ; Peng Zu, quand il la rejoignit, put remonter dans le temps jusqu’au prince Yu, et descendre jusqu’aux cinq Hégémons ; Fu Yue, quand il la rejoignit, devint ministre de Wu Ding, couvrit l’étendue sous le ciel, prit pour char le principe de l’orient, chevaucha le van et la queue, enfin rallia le cortège des étoiles).

 

6.4

Nan Bo Zi Kui qui interrogeait Nü Yu lui dit :

— Comment se fait-il qu’étant d’un âge avancé, vous ayez toujours le teint d’un enfant ?

— C’est que le moi universel que je suis a flairé la Voie, lui répondit-il.

— Peut-on rejoindre la Voie grâce à l’étude ? lui demanda Nan Bo Zi Kui.

— Horreur ! s’exclama Nü Yu, comment cela serait-il possible ? Vous ressemblez si peu aux hommes de la Voie ! Bu Liang Yi, promis à la sagesse, n’avait cependant pas trouvé le chemin y conduisant ; contrairement au moi universel que je suis dont l’inaptitude n’empêchait pas de savoir quelle route prendre. Si le moi universel que je suis la lui indiquait, peut-être après tout Bu Liang Yi réussirait-il à être un sage. Puisqu’il en avait la capacité, il suffirait de lui montrer la direction pour que l’entreprise se révélât facile. Le moi universel que je suis décida de le guider, à cet effet le retint près de soi. Au bout de trois jours, il eut le pouvoir d’occulter l’étendue sous le ciel ; devant ce succès, le moi universel que je suis fut d’avis de le garder encore. Au bout de sept jours, il eut le pouvoir d’occulter les êtres et les choses ; puisqu’il y était arrivé, le moi universel que je suis résolut de ne toujours pas se défaire de lui. Au bout de neuf jours, il eut le pouvoir d’occulter la pousse ; y étant parvenu, il eut ensuite le pouvoir de se tourner vers le décours. De là, il eut le pouvoir de contempler l’unique ; après il eut le pouvoir d’abolir le passé et le présent ; enfin, il eut le pouvoir de pénétrer dans l’absence et de mort et de vie. Là réside cela qui supprime la vie et n’est pas la mort, cela qui accorde la vie et n’est pas la vie ; cela qui agit dans les êtres et les choses, et ne peut être sans apport ni rapport, sans destruction ni perfection ; cela qui a pour nom : apaisement de l’effervescence. Apaisement de l’effervescence signifie qu’après l’effervescence vient l’accomplissement.

— Comment avez-vous appris cela ? demanda Nan Bo Zi Kui.

— Je le tiens, répondit Nü Yu, de l’enfant de Qui-Emprunte-l’Encre, l’enfant de Qui-Emprunte-l’Encre le tenant du descendant de Qui-Lit-à-Haute Voix, le descendant de Qui-Lit-à-Haute Voix le tenant de Lucidité Supérieure, Lucidité Supérieure le tenant de Ouïe Fine, Ouïe Fine le tenant de Qui-s’Exerce-à-la-Perfection, Qui-s’Exerce-à-la-Perfection le tenant de Soupir, Soupir le tenant de Profondeur Obscure, Profondeur Obscure le tenant de Qui-Participe-du-Vide, Qui-Participe-du-Vide le tenant de Commencement Aléatoire.

 

6.5

Zi Si, Zi Yu, Zi Li et Zi Lai bavardaient tous quatre ensemble. Ils dirent :

— Qui fait du retrait sa boîte crânienne, de la vie sa colonne vertébrale, de la mort son bassin ; qui sait que mourir, vivre, subsister, périr sont une seule et même chose, le moi universel que nous sommes avec celui-là liera amitié.

Ils se regardèrent tous quatre et éclatèrent de rire. Comme en leur cœur ne se trouvait nulle opposition, ils devinrent amis.

Peu après, Zi Yu tomba malade, aussi Zi Si alla-t-il s’enquérir de lui.

— Grandiose ! s’exclama Zi Yu. Cela qui crée êtres et choses a décidé de me tordre comme il faut !

Son épine dorsale sinuait, se torsadait, les cinq vaisseaux conduisant à ses cinq viscères remontaient dans la partie supérieure de sa cage thoracique, le bas de son visage descendait lui recouvrir le nombril, ses épaules venaient à hauteur du vertex, et sa chevelure rassemblée en chignon pointait vers le ciel. Les souffles d’ubac et d’adret semaient le désordre en lui. Il conservait cependant un cœur paisible, il n’était nullement alarmé. Il se leva et se dirigea clopin-clopant vers un puits pour s’y mirer.

— Hé bien ! dit-il, cela qui crée êtres et choses avait donc décidé de me tordre de la sorte !

— Cela te révolte-t-il ? lui demanda Zi Si.

— Pas du tout ! lui répondit-il, pourquoi serais-je révolté ? Suppose que j’aie le bras gauche transformé en coq, j’épierais en conséquence les derniers instants de la nuit ; suppose qu’à son tour le droit devienne projectile, je viserais en conséquence la tourterelle destinée à être rôtie ; suppose enfin que mes os du bassin se changent en roues de char et mon influx en chevaux, je formerais en conséquence un attelage ; qu’aurais-je besoin d’en conduire un autre ! La réussite est tributaire du temps, l’échec du flux universel. Qui est en paix avec le temps et demeure soumis au flux universel, ni tristesse ni joie ne peuvent entrer en lui. L’antiquité appelait cela : couper le fil qui retient. Il en est qui n’ont pas le pouvoir de se retrancher, restant liés aux êtres et aux choses, et comme nul être, nulle chose ne triomphe du ciel, pourquoi le moi universel que je suis serait-il révolté ?

À peu de temps de là ce fut au tour de Zi Lai d’être frappé par la maladie. Il gisait pantelant, moribond. Femmes et enfants l’entouraient en pleurant silencieusement. Zi Li qui était venu aux nouvelles leur dit :

— Ouste ! fichez le camp ! Il ne faut pas affoler la métamorphose !

Puis, appuyé contre la porte, il s’adressa au mourant :

— Magnifique est cela qui crée et transforme ! Quelle est son intention à ton égard ? Quelle visée a-t-il sur toi ? Te fera-t-il foie de souris ? patte d’insecte ?

— Lorsqu’un père, une mère, lui répondit Zi Lai, décident d’envoyer soit dans l’Est ou l’Ouest, soit dans le Sud ou le Nord leurs enfants, ceux-ci n’ont qu’à obéir. Pas différentes de ce père et de cette mère sont l’ombre et la lumière vis à vis des humains. L’ombre et la lumière ont rendu imminente la mort de mon moi universel, et l’individu que je suis refuserait des les écouter, se révolterait ; devant quel abus ? Car la suprême puissance de la terre, celle-là qui a porté mon individualité vers l’apparence corporelle, puis a travaillé à la faire croître, enfin l’a laissée aller vers la vieillesse, à présent va la supprimer par la mort. Cela qui excelle à faire naître le moi universel excelle à le faire mourir. Maintenant que le grand fondeur va jeter en moule le métal, ce métal bondirait, sauterait en s’écriant : C’est en l’épée Mo Ye qu’exige d’être changé l’individu que je suis ! Le grand fondeur jugerait certainement néfaste le métal. Si, à l’instant d’outrepasser, l’apparence corporelle d’un homme criait : L’homme ! Il n’y a que l’homme ! cela qui crée et transforme jugerait certainement néfaste l’homme. Qui avec soudaineté voit en le ciel et la terre, la grande fonderie, et en cela qui crée et transforme le grand fondeur, où lui sera-t-il donc impossible d’aller ?

Zi Lai s’endormit profondément, aussitôt s’éveilla à la paix.

 

6.6

Zi Sang Hu, Meng Zi Fan et Zi Qin Zhang étaient tous trois en conversation.

— Qui a le pouvoir, dirent-ils, d’être en accord réciproque depuis l’absence d’accord réciproque ? qui a le pouvoir d’être en interaction depuis l’absence d’interaction ? qui a le pouvoir de monter au ciel, de voyager parmi les brumes, de bondir dans l’illimité, de regarder l’oubli comme étant la vie, cela sans épuisement ?

Ils se dévisagèrent et se sourirent ; comme nulle opposition n’était en leur cœur, ils devinrent amis.

Peu de temps après, Zi Sang Hu décéda. Il n’avait pas encore été inhumé que Kong Zi l’apprit, aussi envoya-t-il Zi Gong prêter son concours aux funérailles. Quand Zi Gong arriva, l’un était occupé à improviser un chant tandis que l’autre jouait du luth. Paroles et musique disaient : «Ô Sang Hu ! Ô Sang Hu ! te voilà retourné en ta vérité, et les individus que nous sommes continuent d’être des hommes !» Zi Gong entra en hâte et s’adressa à eux.

— J’ose vous demander si chanter à proximité d’un cadavre, c’est là respecter le rite ?

Les deux autres se regardèrent et dirent en riant :

— Celui-là, que sait-il du rite ?

Zi Gong s’en retourna informer Kong Zi.

— Quels hommes sont-ce là ? lui dit-il. Leur pratique est nulle ; étrangers à l’apparence constituée par les os, ils chantent à proximité du cadavre, et le teint de leur visage ne change pas ; c’est inqualifiable. Quels hommes sont-ce là ?

— C’est qu’ils voyagent au-delà des quatre angles de la terre, lui répondit Kong Zi, tandis que moi Qiu, je voyage en deçà. L’au-delà et l’en deçà n’entretiennent aucune relation, par conséquent moi Qiu, en t’envoyant leur présenter nos condoléances, je me suis montré tout à fait ignare. Les hommes de leur espèce sont compagnons de cela qui crée êtres et choses, ils voyagent parmi les souffles unis du ciel et de la terre. La vie, ils la voient comme une excroissance, une tumeur qui se développe ; la mort comme un anthrax qui perce, un furoncle qui crève. Que leur importe de savoir situer la mort ou la vie, l’avant ou l’après ! Le corps pour former entité emprunte à divers êtres et choses, aussi les hommes de leur espèce se désintéressent de leur foie, de leur vésicule, délaissent oreille et œil. Ils circulent parmi les fins et les commencements sans connaître de ruptures ; paisibles, détachés, ils flânent hors de la poussière et de l’ordure, vaguent occupés à poursuivre l’action du retrait. Comment utiliseraient-ils leur pouvoir à stupidement accomplir les rites du vulgaire, à retentir et à resplendir dans l’oreille et dans l’œil de la populace !

— En ce cas, Maître, demanda Zi Gong, quelle direction suivre ?

— Moi Qiu, répondit Kong Zi, je suis un homme parmi tant d’autres que le ciel supplicie ; toutefois le moi universel que je suis, comme toi, va dans la même direction que Meng Zi Fan et Zi Qin Zhang.

— J’ose vous demander quelle est-elle ? dit Zi Gong.

— Dans l’eau, répondit Kong Zi, les poissons sont à l’aise les uns avec les autres, pareillement les hommes le sont dans la Voie. Pour ceux qui s’accommodent de vivre ensemble dans l’eau, on creuse des bassins où on les élève ; quant à ceux qui s’accommodent de vivre ensemble dans la Voie, leur est enlevée toute préoccupation de façon qu’ils fortifient leur croissance. C’est pourquoi il a été dit : Que les poissons s’oublient les uns les autres dans les fleuves et les lacs, les hommes s’oublieront les uns les autres dans la pratique de la Voie.

— J’ose encore vous demander ce qu’est l’homme impair, dit Zi Gong.

— L’homme impair, répondit Kong Zi, c’est celui qui se sépare des autres hommes et devient pareil au ciel. C’est pourquoi il a été dit : Qui est peu au ciel, est souverain chez les hommes ; qui est souverain au ciel, est peu chez les hommes.

 

6.7

Yan Hui qui interrogeait Zhong Ni lui dit :

Meng Sun Cai, au décès de sa mère, s’est lamenté sans verser une larme, au fond de son cœur il n’a pas ressenti la moindre tristesse, pendant la cérémonie funèbre il n’a paru aucunement affligé. Malgré cela, sa manière d’observer le deuil a été si appréciée de la principauté de Lu que celle-ci lui a été aussitôt acquise. De fait, sa réputation ne manque-t-elle pas de solidité ? Moi Hui, je trouve cela étrange.

— Meng Sun, lui répondit Zhong Ni, en a terminé avec les funérailles, ayant progressé dans la connaissance. Étant entré dans la simplicité, il n’a fait que simplifier, là où nul n’osait le faire. Désormais, Meng Sun ignore les raisons de vivre et de mourir, ne sachant plus ce que signifie aimer éperdument la vie, ce que signifie se désoler de la mort. Il suit le flux des êtres et des choses dans l’attente des métamorphoses imprévisibles, voilà tout ! Alors qu’il se trouve sur le point de se métamorphoser, comment connaîtrait-il ce qu’est le non-changement ? Alors qu’il ne s’est pas encore métamorphosé, comment connaîtrait-il ce qu’est l’après-changement ? Le moi universel que je suis et toi-même serions-nous les seuls à rêver, à n’être pas encore éveillés ? Meng Sun, lui, sait que son apparence corporelle sera dispersée, son cœur cependant n’en est pas amoindri ; de même, il sait que provisoires sont les résidences, néanmoins son sperme ne s’épuise pas. Lui seul, Meng Sun, est éveillé. Les gens se lamentent-ils, il se lamente, ayant ses raisons de se comporter de la sorte. En outre, les gens, quand ils parlent d’eux-mêmes, disent tous : le moi universel que je suis ; comment arriver à savoir si ce que mon moi universel appelle moi universel diffère du moi universel ? Tu t’es rêvé oiseau s’enfonçant dans le ciel, poisson disparaissant dans l’eau profonde ; à présent que nous discutons, discernes-tu si tu es éveillé ou bien en plein rêve ? Qui atteint la félicité et ne saisit pas ce qu’est le rire, quand il éclate de rire, se montre incapable de le rapporter à quoi que ce soit ; qui y parvient, s’en va vers les métamorphoses rejoindre l’unité du ciel dans son vide immense.

 

6.8

Yi Er Zi rencontra Xu You. Celui-ci lui dit :

— Quel bénéfice as-tu tiré de Yao ?

— Yao, répondit Yi Er Zi, a appelé ma personne à se consacrer de toute urgence à la bienveillance réciproque et à la justice afin de donner une définition claire de l’identité et de la différence.

— Que viens-tu faire ici ! s’exclama Xu You. En effet, Yao t’as déjà tatoué le front, comme cela se fait pour tout criminel, par bienveillance réciproque et justice ; et comme cela se fait aussi pour tout criminel, il t’a coupé le nez au nom de l’identité et de la différence : comment te sentirais-tu à l’aise pour voyager sans attache sur la route des résidences diverses ?

— Quoi qu’il en soit, affirma Yi Er Zi, le moi universel que je suis désire marcher entre ses haies vives.

— Cela ne se peut, répliqua Xu You. Qui a la vue brouillée, ne peut jouir des beautés d’un sourcil, d’un œil, d’un teint frais ; qui est aveugle, ne peut admirer les haches brodées en bleu-vert et en jaune sur un vêtement ou une genouillère.

— La belle Wu Zhuang Sans Parure, insista Yi Er Zi, en renonçant à sa beauté, Ju Liang le Violent à sa force, Huang Di à sa science, se sont retrouvés dans la fournaise et sous le marteau du forgeron. Qui sait si cela qui crée êtres et choses n’effacera pas du front de l’individu que je suis les marques de l’infamie, ni ne lui recoudra pas le nez, lui permettant ainsi de retrouver son intégrité physique pour vous accompagner, Maître ?

— Hélas ! soupira Xu You, c’est impossible à savoir. Voici ce que l’individu que je suis peut schématiquement dire là-dessus :

Ô Maître du moi universel ! Maître du moi universel !

Tu conserves ensemble, hachés menu, les dix mille êtres et choses, et ce n’est point de ta part justice !

Ta lueur bienfaisante traverse les dix mille ères, et ce n’est point de ta part bienveillance réciproque !

Tu remontes à plus haut que la haute antiquité, et tu ignores la vieillesse !

Tu recouvres le ciel, supportes la terre, sculptes et cisèles dans leur diversité les formes corporelles, et tu ignores l’habileté !

Tel est le voyage.

 

6.9

En Hui le niveau est monté, déclara Yan Hui.

— C’est-à-dire ? demanda Zhong Ni.

— Hui a oublié rites et musique.

— Possible, mais c’est insuffisant.

Un autre jour, Yan Hui retourna voir Zhong Ni.

— En Hui le niveau est encore monté.

— C’est-à-dire ?

— Hui a oublié bienveillance réciproque et justice.

— Possible, mais c’est insuffisant.

Un nouveau jour, Yan Hui retourna voir Zhong Ni.

— En Hui le niveau est encore monté.

— C’est-à-dire ?

— Hui, assis, oublie.

Zhong Ni trépigna et demanda :

— Que signifie qu’assis, il oublie ?

— Cessent d’exister, répondit Yan Hui, membres et tronc, sont rejetées ouïe fine et vue perçante, sont abandonnés apparence corporelle et savoir afin d’entrer en communication suprême. Tel est ce que signifie : assis, il oublie.

— Former un tout avec la totalité, c’est abolir toute tendance particulière ; se métamorphoser, c’est supprimer toute permanence ! s’exclama Zhong Ni. Te voilà devenu un homme d’expérience ! Qiu te prie de l’autoriser à marcher derrière toi.

 

6.10

DZi Yu et Zi Sang étaient amis ; or, depuis dix jours, il n’avait cessé de pleuvoir. «Il est à craindre que Zi Sang ne soit tombé malade d’inanition, se dit Zi Yu.» Il prit de la bouillie de millet qu’il alla lui porter. Alors qu’il atteignait sa porte, il entendit comme un chant, comme des sanglots qu’un luth accompagnait. La chanson mêlée de pleurs disait : «Mon père, hélas ! Ma mère, hélas ! Le ciel, hélas ! L’homme, hélas !» Faible était la voix, saccadée la prosodie.

Zi Yu entra et demanda :

— Quelle raison vous pousse à chanter de la sorte ?

— C’est que mon moi universel, lui répondit Zi Sang, réfléchissait à qui avait bien pu conduire l’individu que je suis à une telle extrémité, mais il n’avait pas encore réussi à le découvrir. Mes père et mère ont-ils désiré voir réduit à la pauvreté le moi universel que je suis ? Le ciel avec impartialité recouvre, la terre avec tout autant d’impartialité porte, alors sont-ce ciel et terre ? Ont-ils pu se montrer partiaux et précipiter dans la misère l’individu que je suis ?

Mon moi universel cherchait en vain l’auteur de mon malheur. Soudain, il en a eu la révélation : celui qui conduit à une telle extrémité, c’est le Décret !

<— Chapitre 5. Sommaire Chapitre 7. —>

 


REMARQUES SUR CERTAINS ÊTRES ET CERTAINES CHOSES CONFORMÉMENT À LEUR ORDRE D’APPARITION DANS LES TABLETTES INTÉRIEURES

(*) J’ai retiré du chapitre trois passages qui sans contestation possible ne sont point du pinceau de l’auteur. Nous avons affaire à des commentaires qui, comme cela se pratiquait autrefois, ont été insérés dans le texte même. En revanche, j’en ai maintenu, en le signalant par des parenthèses, un quatrième. Quoique ce soit une interpolation tardive, il éclaire singulièrement la marche dans la Voie.

Voici le premier morceau retranché, il vient tout de suite après le paragraphe qui se termine par : Uni aux êtres et aux choses, il était cependant insondable. Le commentaire est dû sans aucun doute à la main d’un guerrier inspiré.

(Ainsi le sage, quand il use des armes, détruit le pays, mais ne perd pas le cœur de l’homme ; profits et bienfaits se répandent sur les dix mille générations sans que ce soit là aimer les humains. C’est pourquoi quiconque entre en communication avec les êtres et les choses se distingue du sage ; quiconque éprouve de l’affection pour autrui rejette l’attention réciproque ; ramener le ciel à la saison, c’est là s’opposer à la sagesse ; ne pas mettre en relation le succès et le désastre, c’est là différer de l’homme éminent ; agir pour le nom au point de se perdre soi-même, c’est là se différencier de l’homme remarquable ; oublier son corps, ne pas se tenir dans la vérité, c’est là s’écarter du gouvernement des hommes. Par exemple, Hu Bu Jie, Wu Guang, Bo Yi, Shu Qi, Ji Zi, Xu Yu, Ji Ta, Shen Tu Di, furent tous des hommes qui se mirent au service des autres en voulant le bien d’autrui sans songer au leur particulier.)

Hu Bu Jie. Son nom de clan est Hu, son nom public Bu Jie. C’était un sage. Yao lui proposa le trône ; plutôt que l’accepter, il préféra se noyer dans le fleuve.

Wu Guang. Tang lui ayant offert son trône, il se lesta d’une grosse pierre et se jeta dans la rivière Lu.

Bo Yi et Shu Qi. Fils du prince Gu Zhu originaire du Liao Xi. Ils descendaient du souverain Shen Nong du clan des Jiang. Au décès de leur père, ils refusèrent l’un et l’autre le pouvoir. Ils apprirent que le roi Wen était mort et que le roi Wu allait attaquer Zhou des Yin. Ils cherchèrent à dissuader Wu. Celui-ci ne les écouta pas. Ils se retirèrent sur le mont Shou Yang au Hedong. Ils refusèrnt la nourriture des Zhou qui venaient de triompher des Yin auxquels ils appartenaient. Ils se laissèrent mourir de faim.

Ji Zi. Le vicomte de Ji. SiMa Qian écrit : Zhou se mit en colère et dit : J’ai appris que le cœur d’un sage avait sept ouvertures. Il coupa Bi Gan en deux pour regarder son cœur. Le vicomte de Ji eut peur ; il feignit la folie et se livra à des occupations serviles ; Zhou le jeta en prison.

Il sera délivré par le roi Wu des Zhou.

Xu Yu. Les commentaires ne concordent pas. Pour certains il s’agirait de Jie Yu le fou de Chu, pour d’autres de Bi Gan.

Ji Ta. Ermite au temps de Tang. Son nom de clan est Ji, son nom personnel Ta. Ayant ouï-dire que Tang avait proposé le trône à Wu Guang et persuadé que la même proposition lui serait adressée, il emmena frères et enfants à la rivière et s’y noya avec eux.

Shen Tu Di. Après avoir appris le suicide de Ji Ta et son clan, il se jeta dans le fleuve.

(**) J’arrive à présent au second passage rejeté. Il se trouvait placé entre : Ailleurs, il oubliait qu’il était doué de parole, et : C’est pourquoi ce qu’il aimait était un... Notre guerrier s’est changé en bourreau enthousiaste.

(Voir dans le supplice le modèle, dans les rites les ailes, dans le savoir la saison, dans la vertu le chemin à suivre. Qui voit dans le supplice le modèle, se montre généreux lors de ses mises à mort ; qui voit dans les rites les ailes, progresse avec le siècle ; qui voit dans le savoir la saison, ne peut agir autrement qu’il ne le fait aux affaires ; qui voit dans la vertu le chemin à suivre, signifie qu’avec quiconque a des pieds il atteint le haut de la colline ; un tel homme est à la vérité jugé diligent et actif.)

(***) Le troisième morceau supprimé l’a été parce que c’est une répétition de ce qui figure plus loin dans le même chapitre parmi les propos tenus par Zi Lai mourant à son ami Zi Li. Il était placé juste avant le paragraphe commençant par : Dissimuler sa barque...

(Car la suprême puissance de la terre, celle-là qui a porté mon individualité vers l’apparence corporelle, puis a travaillé à la faire croître, enfin l’a laissée aller vers la vieillesse, à présent va la supprimer par la mort. Cela qui excelle à faire naître le moi universel excelle à le faire mourir.)

Xi Wei. Souverain de l’antiquité.

Kan Pei. Il est l’émanation du mont Kun Lun ou mont de la méditation lumineuse. La tradition dit que le mont Kun Lun est le lieu de séjour de la reine mère de l’occident. Elle offre à ses hôtes les pêches qui procurent la longue vie. Le mont Kun Lun correspond dans la région centrale du corps au nombril, dans la région supérieure au sommet du crâne. Cette double localisation provient de la position choisie pour méditer, selon que l’on est allongé ou que l’on est assis. Le mont de la méditation lumineuse est aussi celui du chaos primordial.

Feng Yi. Émanation des eaux.

Jian Wu. Est-il le Jian Wu qui figure au chapitre second ? Rien n’est moins sûr. Ce Jian Wu-ci est répertorié comme étant l’émanation de la montagne suprême ou pic oriental.

Zhuan Xu. Rappelons qu’il est le grand-père du souverain Yu le grand.

Yu Qiang. Émanation de la mer du Nord.

Reine mère de l’occident. C’est ainsi que l’on traduit Xi Wang Mu. Le personnage par l’importance qu’il prendra dans l’École de la Voie mérite que l’on s’y arrête. Huan Lin, fonctionnaire du souverain Huan (146-167 P.C.) des Han postérieurs, relate dans son livre sur Xi Wang Mu qu’elle chevauchait un tigre blanc. SiMa Xiang Ru en fait un demi-monstre vivant dans une caverne au milieu des montagnes de l’Ouest. C’est une vieille femme dont une parure de jade orne les cheveux blancs. Un corbeau à trois pattes lui apporte sa nourriture. À partir du 3e siècle après J.C. elle tiendra en compagnie de son époux le père roi de l’orient la liste des immortels. Elle sera représentée sous les traits d’une belle jeune femme en costume de cour et coiffée d’une aigrette. La reine mère correspond à l’oeil droit. Dans la région inférieure du corps elle régit le mont de la méditation lumineuse dans sa ville de métal aux neuf étages. Pour Rémi Mathieu, auteur d’une étude sur le premier roman chinois : Mu tian zi zhuan ou Chronique du fils du ciel Mu, la reine mère de l’occident serait en fait un prince qui avait comme nom de clan Wang Mu. Voici dans la traduction de Rémi Mathieu le passage où Xi Wang Mu apparaît : « Au jour faste Jia Zi (287e), le fils du ciel fut l’hôte de Xiwangmu. Alors, il se saisit d’une tablette d’investiture en jade blanc et d’une autre circulaire et noire pour son entrevue avec Xiwangmu. En signe d’amitié il lui offrit mille cinq cents pieds de soie tissée de différentes couleurs et quatre mille cinq cents pieds de soie. Xiwangmu salua par deux fois et les reçut. Au jour Yi Chou (288e), le fils du ciel offrit un banquet à Xiwangmu (sur une berge) du lac Yao. Xiwangmu exécuta pour le fils du ciel un chant en solo, les paroles en étaient :

Blanc le nuage dans le ciel,
Sortant de derrière les monts
Chemins et routes nous éloignent,
Monts et rivières nous séparent.
Je voudrais que point ne mourriez,
J’espère que vous nous reviendrez.

Le fils du ciel lui répondit :

Je reviens dans mes terres d’Orient
Gouverner la Chine dans l’harmonie,
Le peuple y vit calme et en paix.
De nouveau, je viendrai vous voir
Mais c’est au bout de trois années
Que dans vos campagnes nous irons.

Xiwangmu chanta de nouveau une ode pour le fils du ciel, les vers en étaient :

Venu dans ces terres d’Occident
Vous êtes demeuré chez nous.
Tigres et léopards abondent,
Corbeaux et pies ensemble y vivent.
L’honorable décret j’y veille !
Je pense à vous, divin empereur,
Comment fera le petit peuple ?
De nouveau, vous allez nous quitter.
Les flûtes jouent, les hanches vibrent,
Mais mon cœur est triste et blessé.
Seigneur de ce petit peuple,
Je regarde au loin vers le ciel.

Le fils du ciel continua sa route et se hâta d’escalader le mont Yan. Alors il fit graver une stèle sur une pierre du mont Yan pour y marquer son passage, puis il y planta un sophora. En haut (de la stèle) était inscrit : Mont de Xiwangmu ». On peut demeurer réservé sur la traduction.

Le mont Yan est le mont de la vastitude disparue. C’est derrière lui que le soleil se couche. On prétend également que le mont Yan désigne le mont Kun Lun.

La Chronique du fils du ciel Mu a été découverte sous le roi Wu de Jin (281 P.C.) dans la tombe d’un roi de Wei. Personne n’est d’accord sur la date de la mort de ce souverain, peut-être 296 A.C. Quant à Mu, de la dynastie des Zhou, il régna entre les années 1001 et 946 avant J.C. Maître Zuo des Printemps et des Automnes dit : Le roi Mu voulut satisfaire ses caprices, il parcourut en tout sens les terres sous le ciel. Il avait l’intention de laisser partout les traces des roues de son char et les empreintes des sabots de ses chevaux.

Longtemps tenu pour un livre antique, la Chronique ne daterait que de l’époque des Royaumes combattants. Elle serait donc quasi contemporaine des Tablettes intérieures. Quoi qu’il en soit, la façon dont Xi Wang Mu est présentée dans les Tablettes intérieures révèle un personnage moins ancien dans sa conception. Xi Wang Mu en tant que souveraine reconnue appartient à ce que les historiens nomment l’École de la Voie. L’auteur de l’addition est du reste fort embarrassé puisqu’il avoue que nul ne connaît ni son commencement ni sa fin, en admettant que cela signifie naissance et mort.

Les cinq Hégémons. Ils inaugurent la période des Printemps et des Automnes en se partageant et se disputant l’étendue sous le ciel. Ce sont le duc Huan de Qi (685-643), le duc Mu de Qin (659-621), le duc Xiang de Song (650-637), le duc Wen de Jin (635-628) et le roi Zhuang de Chu (613-591).

Fu Yue. Ministre de Wu Ding qui accéda au trône en 1324 avant J.C.

Nan Bo Zi Kui. Il s’agit de Nan Guo Zi Qi. Bo est un titre honorifique, Kui la déformation écrite de Qi mal prononcé.

Nü Yu. Personnage inventé par l’auteur. Kristofer Schipper dans le Corps taoïste prétend qu’il s’agit d’un personnage féminin surnommé la femme-à-la-bosse. Ce n’est qu’une hypothèse à la limite de la gratuité. En effet Nü, quand il est nom propre, ne donne aucune indication du sexe, et Yu, dans la graphie des Tablettes intérieures, ne signifie pas bossu. Yu veut dire : se tenir courbé en marchant, marcher avec précaution, voyager seul. peut se prononcer aussi ru ; en ce cas le caractère a le sens de tu, toi. Ainsi, si l’on voulait traduire à tout prix Nü ou Ru Yu, le nom pourrait vouloir dire : Toi, le voyageur solitaire.

Soupir. Le même Kristofer Schipper, et toujours dans le Corps taoïste, traduit wu ou par chant populaire. Que le chant populaire trouve son inspiration dans la profondeur obscure, c’est là un rêve d’ethnologue. Wu signifie oh ! hélas ! et ou réciter en chantant, paroles ou voix d’enfants. Wu ou désigne le soupir que l’on pousse dans la proximité de la profondeur obscure. C’est le souffle.

Zi Si, Zi Yu, Zi Li et Zi Lai. Personnages fictifs.

Zi Sang Hu, Meng Zi Fan et Zi Qin Zhang. Personnages fictifs.

Zi Gong. L’un des disciples de Zhong Ni.

Meng Sun Cai. Son nom de clan est Meng Sun, son nom personnel Cai. Il était originaire de Lu.

Yi Er Zi. Personnage fictif.

Wu Zhuang. Littéralement sans maquillage. C’est une beauté de l’antiquité qui renonça à tout artifice après avoir découvert la Voie.

Ju Liang. Soldat célèbre pour sa force dans l’antiquité. C’est ce que son nom indique : Le Violent.



happy   dans   ZhuangZi    Mardi 17 Mai 2005, 22:35

 



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