Poèmes
Les fleurs du cannelier
(Sur l'air modifié : Le sable du ruisseau)
Les fleurs du cannelier
font une pluie de pépites d’or,
Les couches épaisses de leurs feuilles
semblent taillées dans l’émeraude.
Leur esprit et leur grâce
évoquent le sage Yanfu
dont la noblesse
Rayonnait sans limite.
Devant elles,
la riche floraison du prunier
semble terne
Et fruste le parfum
du lilas aux mille fleurs.
Le cannelier de son arôme
imprègne ma nostalgie
de l’homme que j’aime,
Mais il n’a pas de cœur !
Elle se lève de la balançoire
(Sur l'air : Une touche d'écarlate sur les lèvres)
Elle se lève de la balançoire
Et languissante elle ploie
ses mains délicates.
Les fleurs graciles s’inclinent
sous la rosée dense.
Sur sa robe légère
quelques gouttes de sueur.
A l’arrivée d’un étranger
au fond du jardin,
En bas de soie,
les épingles d’or
glissant de ses cheveux,
Timide elle s’enfuit.
Mais à la porte elle s’arrête
et tourne la tête
Comme pour respirer
les prunes vertes.
Sur le plateau du marchand de fleurs
(Sur l'air abrégé : Fleur du magnolia)
Sur le plateau
du marchand de fleurs
Je prends un rameau de printemps
aux boutons à peine éclos,
Voile de rosée,
Reflétant encore
la lueur de l’aurore.
Mais je crains
que tu ne penses,
Que mon visage
n’a pas autant d’éclat.
Et dans ma haute chevelure,
en oblique,
je plante une fleur :
Que, d’un regard,
tu puisses nous comparer !
Les ondes douces, légères du printemps
(Sur l'air : Le sable du ruisseau)
Les ondes douces, légères du printemps
emplissent l’air à la veille
du Festival des Repas Froids.
Du brûle-parfum de jade
monte la dernière spirale
de l’encens qui s’achève.
Je sors de mon rêve.
Les ornements de mes cheveux
ont glissé derrière mon grand oreiller.
Les hirondelles de la mer
ne sont pas encore de retour,
et on joue déjà
au jeu des herbes et des fleurs.
Au-dessus des pruniers qui se fanent
flottent les chatons soyeux des saules.
Au crépuscule doré,
les gouttelettes éparses de la pluie
mouillent la balançoire.
Si menue, la taille si frêle...
(Sur l'air : Les ondes lavent le sable)
Si menue, la taille si frêle,
Comment supporter le chagrin du printemps ?
Sur ma robe du soir,
dansent les ombres clairsemées
des fleurs de prunier.
Gracile, délicate, à quoi me comparer ?
Une volute de nuage blanc...
Un air émouvant déclôt
mes lèvres écarlates :
Chaque mot de passion et de charme
Entrouvre la porte du pays légendaire
des Pêchers Fleuris.
Pensive, tournée vers le coin du ciel
où je pressens la Terrasse des Immortels,
Du regard j’accompagne le clair de lune
qui s’approche de l’horizon.
Son visage délicat...
(Sur l'air : Le sable du ruisseau)
Son visage délicat
comme une fleur de lotus
s’épanouit en sourires.
La fumée oblique de l’encens
qui monte du caneton de jade
se mêle au parfum de ses joues.
Aux ondes de lumière dans ses yeux
Il essaie de deviner sa pensée.
Le visage grave, plein de tendresse
et de charme,
À une feuille de papier
elle confie son secret :
« Reviens chez moi, mon ami,
quand les ombres des fleurs
seront celles qui naissent
de la lueur de la lune... »
Je cherche, je cherche encore...
(Sur l'air : Les tons lents)
Je cherche, je cherche encore,
et de nouveau je cherche.
Le froid partout,
partout la solitude.
Morne et triste,
triste et désolée.
Soudain, un brin de soleil
puis à nouveau
une vague de fraîcheur.
Comment me consoler ?
Quelques tasses de ce vin léger,
Que peuvent-elles contre le soir
et les rafales furieuses du vent ?
Les oies sauvages passent
Et mon cœur s'afflige.
Nous nous connaissons déjà,
ce sont mes messagères de jadis.
La terre est toute jonchée
de chrysanthèmes.
Fanés, froissés,
Qui voudrait les cueillir ?
Immobile, je veille
au coin de la fenêtre :
Si longue est l'attente de la nuit...
Sur les platanes, une pluie fine,
Au crépuscule,
Glisse goutte à goutte,
de feuille en feuille.
Tout cela,
Un seul mot,
tristesse,
peut-il le contenir ?
à 20:03