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148 riverbend — La carotte et le bâton
Baghdad Burning
Jeudi 28 août 2003

Le blog d’une fille d’Iraq... Parlons guerre, politique et occupation

Baghdad Burning

... I'll meet you 'round the bend my friend,
where hearts can heal and souls can mend...
... rendez-vous au détour de la folie, mon ami-e,
là où les cœurs peuvent guérir et les âmes se recoudre ...

 

Jeudi 28 août 2003

La carotte et le bâton

Le mythe : Les Iraqiens, avant l’occupation, vivaient dans de petites tentes beiges installées à côté de petites rues sales à travers Bagdad. Les hommes et les garçons allaient à l’école montés sur leurs chameaux, leurs baudets et leurs chèvres. Ces écoles étaient la traduction en plus grand des habitations et pour chaque centaine d’étudiants, un professeur enturbanné enseignait aux garçons les rudiments des maths (pour compter le troupeau) et la lecture. Les filles et les femmes restaient à la maison, en burkas noires, à faire le pain et à s’occuper des 10 ou 12 enfants.

La vérité : Les Iraquiens vivaient dans des maisons équipées de l’eau courante et de l’électricité. Des milliers d’entre eux possèdent des ordinateurs. Des millions possèdent des VCR et des VCD. L’Iraq a des ponts sophistiqués, des centres de loisirs, des clubs, des restaurants, des magasins, des universités, des écoles, etc. Les Iraqiens aiment les voitures rapides (et particulièrement les voitures allemandes) et le Tigre est plein de petits bateaux à moteur qui servent à tout, de la pêche jusqu’au ski nautique.

Ce que j’essaie de dire, c’est que la plupart des gens choisissent d’ignorer le petit préfixe « re » dans les mots « rebâtir » et « reconstruire ». Pour votre information, « re » est un préfixe d’origine latine et il signifie généralement « encore » ou « à nouveau ».

Autrement dit : il y avait quelque chose ici pour commencer. Nous avons des centaines de ponts. Nous avons l’un des réseaux d’autoroutes les plus sophistiqués de la région : vous pouvez aller de Busrah, au sud, à Mosul, au nord, sans avoir une seule fois à prendre ces petites routes poussiéreuses et sales que vous montre Fox News. Nous avions un système de communications si avancé qu’il a fallu à la Coalition of the Willing (Coalition des « bonnes volontés ») trois vagues de bombardements, pendant trois nuits distinctes, pour endommager la Tour de Communications Ma’moun et réduire au silence nos téléphones.

Hier, j’ai lu qu’il allait coûter jusqu’à 90 milliards de dollars pour rebâtir l’Iraq. Bremer balançait des chiffres à propos du prix à payer pour le remplacement des édifices, des ponts, de l’électricité, etc.

Écoutez cette petite anecdote. L’un de mes cousins travaille dans une société de constructions mécaniques de premier plan de Bagdad — nous l’appellerons la société H. Cette société est connue pour sa conception et sa construction de ponts dans tout l’Iraq. Mon cousin, un ingénieur des ponts et chaussées, est fana des ponts. Il passe des heures à parler de piliers, d’armatures et de structures en acier à celui qui veut l’écouter.

Alors que le mois de mai touchait à sa fin, son directeur lui a annoncé qu’une personne du CPA voulait que la société évalue les frais de construction pour le remplacement du Nouveau Pont de Dyala dans la partie sud-est de Bagdad. Il rassembla son équipe ; ils partirent évaluer les dégâts, conclurent qu’ils n’étaient pas trop graves, mais que ce serait coûteux. Ils firent les tests et les analyses nécessaires (composition du sol, profondeur de l’eau, joints de dilatation et poutres) et ils avancèrent un chiffre prudent — 300.000 dollars. Ce chiffre incluait les nouveaux plans et dessins, la matière première (très bon marché en Iraq), la main-d’œuvre, les entrepreneurs, les frais de déplacement, etc.

Admettons que mon cousin soit un abruti. Admettons qu’il n’ait pas travaillé dans les ponts pendant plus de 17 ans. Admettons qu’il n’ait pas travaillé au remplacement d’au moins 20 des 133 ponts endommagés pendant la première Guerre du Golfe. Admettons qu’il ait tort et que le coût de la reconstruction du pont soit quatre fois le chiffre qu’ils ont estimé — admettons qu’il coûtera en réalité 1.200.000 dollars. Utilisons simplement notre imagination.

Une semaine plus tard, le contrat du Nouveau Pont de Dyala fut donné à une société américaine. Cette société-là a estimé que le coût de la reconstruction du pont s’élèverait à environ — tenez-vous bien — 50.000.000 de dollars ! ! (1)

Une chose que vous devez savoir à propos de l’Iraq : nous avons plus de 130.000 ingénieurs. Plus de la moitié de ces ingénieurs sont ingénieurs des ponts et chaussées et architectes. Des milliers d’entre eux ont été formés hors d’Iraq en Allemagne, au Japon, en Amérique, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays. Des milliers d’autres ont travaillé avec quelques-unes des sociétés étrangères qui ont construit divers ponts, édifices et autoroutes en Iraq. La majorité d’entre eux sont plus que compétents — certains d’entre eux sont brillants.

Les ingénieurs iraqiens ont dû rebâtir l’Iraq après la première Guerre du Golfe en 1991 quand la « Coalition des bonnes volontés » était composée des plus de 30 pays qui participaient activement au bombardement de Bagdad jusqu’à la rendre méconnaissable. Ils ont dû arriver à reconstruire des ponts et des édifices qui avaient été construits à l’origine par des sociétés étrangères, ils ont dû pallier le manque des matières premières que nous importons normalement de l’étranger, ils ont dû travailler en contournant un blocus vicieux destiné à endommager toute infrastructure subsistant après la guerre... Ils ont vraiment dû reconstruire l’Iraq. Et tout devait être rendu robuste, parce que, eh bien, nous étions toujours sous la menace d’une guerre.

Plus d’une centaine des 133 ponts ont été reconstruits, des centaines d’édifices et d’usines ont été remplacés, les tours des communications ont été reconstruites, de nouveaux ponts ont été ajoutés, les réseaux électriques ont été remplacés... cela fonctionnait. Tout n’était pas parfait — mais nous y travaillions.

Et les Iraqiens ne sont pas faciles à satisfaire. Les édifices ne doivent pas être seulement fonctionnels. Ils doivent avoir une touche artistique — un pilier sculpté, un dôme au dessin compliqué, quelque chose d’unique... pas nécessairement subtil ou de grande classe, mais différent. Vous pouvez le voir partout dans Bagdad — maisons à la mode aux fenêtres vitrées à côté d’édifices classiques du vieux « style Bagdadi », restaurants tape-à-l’œil à côté de petits cafés de luxe... mosquées aux dômes si riches en couleurs et en détails qu’elles ressemblent aux œufs splendides de Fabergé... tout cela fait par les Iraqiens.

Mon projet de reconstruction favori fut le Pont Mu’alaq sur le Tigre. C’est un pont suspendu dessiné et construit par une société britannique. En 1991, il avait été bombardé, et tout le monde avait presque abandonné l’idée de le retraverser un jour. En 1994, il était de nouveau en travaux, exactement comme il l’avait été — sans les sociétés britanniques, avec les compétences iraqiennes. L’une des écoles d’art décréta que bien qu’il ne fût pas le pont le plus sophistiqué au monde, il allait être le plus splendide. Le jour où il fut ouvert au public, il était couvert de centaines de fleurs peintes aux couleurs les plus outrancières — sur tous les piliers, sur le pont même, sur les trottoirs qui longent les côtés du pont. Les gens vinrent de tout Bagdad juste pour se tenir dessus et regarder en bas couler le Tigre.

Aussi, plutôt que de faire appel à des milliers de sociétés étrangères qui vont vouloir des milliards de dollars, pourquoi n’emploie-t-on pas des ingénieurs, des électriciens et des ouvriers iraqiens ? Des milliers de personnes qui n’ont pas de travail aimeraient pouvoir rebâtir l’Iraq... à aucun d’entre eux on ne donne sa chance.

La reconstruction de l’Iraq est suspendue au-dessus de nos têtes comme une carotte et un bâton. Les gens voient la reconstruction d’un mauvais œil car ils savent (les Iraqiens sont rusés) que ces projets de reconstruction douteux vont plonger le pays dans une dette comparable seulement à celle de l’Amérique. Un petit nombre d’entrepreneurs déjà riches vont encore s’enrichir, les ouvriers iraqiens vont gagner trois fois rien et les chômeurs iraqiens pourront rester sur la touche et regarder les splendides édifices être construits par des sociétés étrangères.

Je dis toujours que cette guerre concerne le pétrole. Mais elle concerne aussi les gigantesques entreprises qui sont en passe de gagner des milliards en reconstruisant ce qui a été endommagé pendant cette guerre. Peut-on nommer Haliburton ? (qui, en passant, a reçu les tout premiers contrats pour remplacer les infrastructures pétolières endommagées et éteindre les « feux de pétrole » à son retour en avril.)

Bien sûr, cela va coûter d’innombrables milliards pour reconstruire l’Iraq, M. Bremer, si tous les contrats sont donnés à des sociétés étrangères ! Ou peut-être les chiffres sont-ils aussi effrayants parce que c’est Ahmad Al-Chalabi qui tient les comptes — il EST l’expert en maths, après tout.

- posté par river @ 6:46 PM

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Baghdad Burning : in english (original)   en castellano   日本語で


Note (du traducteur) :

1 50.000.000 de dollars : soit 167 fois 300.000 dollars ou 42 fois 1.200.000 dollars !




happy   dans   Mélanges    Lundi 3 Avril 2006, 21:17

 



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