— Elle s’appelle Koulala.
Le samedi, des enfants de 5 ans ou 6 ans viennent au centre culturel japonais pour faire du dessin, du collage, de la peinture...
— Il y a une petite fille qui me colle tout le temps !
— Ah bon ! Comme si tu étais sa maman ?
— Peut-être, oui.
— Elle s’appelle comment ?
— Koulala.
— Koulala ? Hum, quel joli prénom !
Je revois Kirikou (et la sorcière). J’imagine une petite fille aux grands yeux rieurs, avec de longues nattes surmontées de petites fleurs rouges et blanches. Comme ces petites filles qui m’attendrissent tout de suite, que j’ai envie de soulever dans mes bras pour leur appliquer deux bises sonores sur les joues.
— C’est une petite Africaine ?
— Non, sa mère est japonaise, son père est français.
— Ah bon ! Alors son père doit être antillais.
— Non, elle a la peau blanche.
— Koulala, je ne connais pas ce prénom !
Les jours passent, je pense de temps en temps à Koulala, haute comme trois pommes, à ses grands yeux rieurs qui plongent droit dans les miens, son visage brillant, ses cheveux bouclés...
— Koulala, c’est un prénom français.
— Non ! Ou alors c’est peut-être un prénom africain, ou bien ses parents l’ont inventé.
Mais, quand-même, je me suis mis à chercher. Parce que les Japonais ont une façon bien à eux de prononcer les mots français, il confondent certains sons, ils intercalent toujours une voyelle entre deux consonnes. Par exemple, « Le Louvre », ça donne quelque chose comme « loulouboulou », « Les Halles », « léalou », avec un « l » prononcé entre « r » et « l ».
J’ai cherché, cherché, tourné et retourné Koulala dans tous les sens.
Eureka !
Hélas !
Clara !
Koulala, c’est Clara !
Tout d’un coup, je me trouve abattu, figé, terriblement déçu, le souffle coupé.
J’ai froid. Des images de neige et de glace courent devant mes yeux.
Hélas ! Où sont mes yeux rieurs, mes nattes fleuries ?
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