HORACE (Quintus Horatius Flaccus, —65 à —8)
Carminum Liber I,XI : Ad Leuconoen
Tu ne quæsieris (scire nefas) quem mihi, quem tibi
finem di dederint, Leuconoe, nec Babylonios
temptaris numeros. Vt melius quicquid erit pati !
Seu pluris hiemes seu tribuit Iuppiter ultimam,
quæ nunc oppositis debilitat pumicibus mare
Tyrrhenum, sapias, uina liques et spatio breui
spem longam reseces. Dum loquimur, fugerit inuida
ætas : carpe diem, quam minimum credula postero.
Ode I,XI : À Leuconoé
Ne cherche point — fatal secret — pour toi, pour moi
Quels desseins ont les dieux, Leuconoé ; oublie
Les nombres Chaldéens : mieux vaut subir le Sort !
Zeus t’accorde plusieurs hivers ou le dernier
Qui lors brise aux rochers la mer Tyrrhénienne,
Sois sage, clarifie le vin, et coupe court
Aux longs espoirs de vie ; nous parlons, le temps fuit,
Jaloux ; cueille le jour sans croire au lendemain.
Traduction d’Henri Tournier.
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Pierre de RONSARD (1524-1585)
Sonnet à Hélène (Sonnets, XXIV)
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise aupres du feu, deuidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous esmerueillant :
Ronsard me celebroit du temps que i’estois belle.
Lors vous n’aurez seruante oyant telle nouvelle,
Desia sous le labeur à demy sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille resueillant,
Benissant vostre nom de louange immortelle.
Ie seray sous la terre, et fantaume sans os :
Par les ombres Myrteux ie prendray mon repos :
Vous serez au fouyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour, et vostre fier desdain.
Viuez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dés auiourdhuy les roses de la vie.
À Cassandre (Premier livre des Odes, XV)
Mignonne, allon voir si la rose
Qui ce matin auoit déclose
Sa robe de pourpre, au soleil,
A point perdu, cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyés comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las, ses beautés laissé choir !
O vraiment maratre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin iusques au soir !
Donc, si vous me croiéz, mignonne,
Tandis que vôtre age fleuronne
En sa plus verte nouueauté :
Cueillés, cueillés vôtre ieunesse :
Comme a cette fleur, la vieillesse
Fera ternir vôtre beauté.
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à 19:58