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182 Le Fantôme de la Neige
Richard Gordon Smith

Source : The Internet Sacred Text Archive
Traduction : Happy


Richard Gordon Smith

Ancient Tales and Folk-lore of Japan (1918)
(Récits et folklore anciens du Japon)

XLIX
Le Fantôme de la Neige
(The Snow Ghost)

 

PEUT-ÊTRE ne sont-ils pas nombreux, même au Japon, ceux qui ont entendu parler de la « Yuki Onna » (Le Fantôme de la Neige). On en parle peu, sauf dans les hautes montagnes, qui sont continuellement habillées de neige en hiver. Ceux qui ont lu les livres de Lafcadio Hearn se souviendront d’une histoire de la Yuki Onna, qui doit beaucoup à la beauté du récit, mais qui en réalité n’est pas meilleure que la suivante.

Dans la province septentrionale d’Echigo, en face de l’île de Sado sur la Mer du Japon, la neige tombe abondamment. Il y en a parfois jusqu’à vingt pieds sur le sol, et nombreux sont les gens qui ont été ensevelis dans les neiges et n’ont jamais été retrouvés avant le printemps. Il y a quelques années, trois compagnies de soldats, à l’exception de trois ou quatre hommes, ont été anéanties à Aomori et il s’est passé plusieurs semaines avant qu’on ne les découvre, morts bien sûr.

De mystérieuses disparitions éveillent naturellement les fantaisies d’un peuple imaginatif, et depuis des temps immémoriaux le Fantôme de la Neige a été l’une d’elles pour les gens du Nord ; alors que ceux du Sud disent que ceux du Nord boivent tellement de saké qu’ils prennent les arbres couverts de neige pour des femmes. Quoi qu’il en soit, je dois expliquer ce qu’un paysan appelé Kyuzaemon a vu.

Dans le village de Hoi, qui comprenait seulement onze maisons, très pauvres de surcroît, vivait Kyuzaemon. Il était pauvre, et doublement malheureux pour avoir perdu son fils et son épouse. Il menait une vie solitaire.

Dans l’après-midi du 19 janvier de la troisième année de Tem-po — c’est-à-dire 1833 — survint une violente tempête de neige. Kyuzaemon ferma les volets, et se détendit autant qu’il put. Vers onze heures du soir, il fut réveillé par un coup frappé à sa porte ; c’était un coup bizarre, qui revenait à intervalles réguliers. Kyuzaemon se redressa dans son lit, regarda vers la porte, et ne sut quoi en penser. Le coup revint, accompagné de la douce voix d’une jeune fille. Pensant qu’il pouvait s’agir de l’un des enfants de ses voisins qui demandait de l’aide, Kyuzaemon sauta de son lit, mais quand il arriva à la porte, il eut peur de l’ouvrir. La voix et le coup revenant jusque comme il l’atteignait, il se jeta en arrière avec un cri : « Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? »

« Ouvrez la porte ! Ouvrez la porte ! » dit la voix venue de l’extérieur.

« Ouvrir la porte ! C’est peu probable avant que je sache qui vous êtes et ce que vous faites dehors si tard et par une telle nuit ? »

« Mais vous devez me laisser entrer. Comment puis-je aller plus loin dans une neige aussi profonde ? Je ne demande pas de nourriture, mais seulement un abri ».

« Je suis vraiment désolé ; mais je n’ai pas de couettes ni de literie. Je ne peux absolument pas vous laisser loger chez moi ».

« Je ne veux pas de couettes ni de literie, — seulement un abri », implora la voix.

« Je ne peux pas vous laisser entrer, de toute façon », cria Kyuzaemon. « C’est trop tard et contraire aux règles et à la loi ».

Ce disant, Kyuzaemon barricada sa porte à l’aide d’un solide morceau de bois, sans s’être une seule fois risqué à entrebâiller les volets pour voir qui pourrait être sa visiteuse. En se retournant, il découvrit dans un frisson la silhouette d’une femme debout à côté de son lit, vêtue de blanc, avec des cheveux longs qui lui descendaient jusqu’en bas du dos. Elle n’avait pas l’apparence d’un fantôme, son visage était joli, et elle semblait âgée de vingt-cinq ans environ. Kyuzaemon, pris au dépourvu et très inquiet, s’écria :

« Vous êtes qui et quoi, et comment êtes-vous entrée ? Où avez-vous laissé vos geta. (1)

« Je peux entrer partout quand je le décide », dit la silhouette, « et je suis la femme que vous ne vouliez pas laisser entrer. Je n’ai pas besoin de sabots ; car je tourbillonne au-dessus de la neige, parfois même en volant dans les airs. Je suis en chemin pour visiter le village voisin ; mais le vent est contre moi. C’est pourquoi je voulais que vous me laissiez me reposer ici. Si vous le faites, je partirai dès que le vent tombera ; en tout cas je serai partie au matin ».

« Ça ne me dérangerait pas autant que vous restiez si vous étiez une femme ordinaire. J’en serais même content, en fait ; mais je crains beaucoup les esprits, comme mes ancêtres, » dit Kyuzaemon.

« N’ayez pas peur. Vous avez un Butsudan ? » (2) dit la silhouette.

« Oui, j’ai un Butsudan, » déclara Kyuzaemon, « mais qu’est-ce que vous pouvez bien vouloir en faire ? »

« Vous dites que vous avez peur des esprits, de l’effet que je peux avoir sur vous. Je souhaite présenter mes respects aux tablettes de vos ancêtres et assurer à leurs esprits qu’aucun mal ne vous arrivera par moi. Voulez-vous ouvrir et éclairer le Butsudan ? »

« Oui, » dit Kyuzaemon, avec crainte et tremblement : « Je vais ouvrir le Butsudan, et allumer la lampe. S’il vous plaît, priez aussi pour moi, car je suis un homme malheureux et malchanceux ; mais en échange vous devez me dire qui et quel esprit vous êtes. »

« Vous voulez en savoir beaucoup ; mais je vais vous le dire, » dit l’esprit. « Je pense que vous êtes un homme bon. Mon nom était Oyasu. Je suis la fille de Yazaemon, qui vit dans le village voisin. Mon père, comme vous l’avez peut-être entendu dire, est agriculteur, et il a adopté dans sa famille, et comme mari pour sa fille, Isaburo. Isaburo est un brave homme ; mais à la mort de sa femme, l’an dernier, il a abandonné son beau-père et il est retourné à son ancienne maison. C’est principalement pour cette raison que je vais tenter maintenant de le raisonner ».

« Dois-je comprendre, » dit Kyuzaemon, « que la fille qui était mariée à Isaburo est celle qui a péri dans la neige l’année dernière ? Si tel est le cas, vous devez être l’esprit d’Oyasu, l’épouse d’Isaburo ? »

« Oui, c’est exact », dit l’esprit. « J’étais Oyasu, l’épouse d’Isaburo qui a péri il y a un an dans la grande tempête de neige, dont ce sera demain l’anniversaire ».

Kyuzaemon, les mains tremblantes, alluma la lampe dans le petit Butsudan, en marmonnant « Namu Amida Butsu ; Namu Amida Butsu » avec une ferveur qu’il n’avait jamais ressentie auparavant. Lorsque cela fut fait, il vit la silhouette de la Yuki Onna (Esprit de la Neige) s’avancer, mais il n’y eut aucun bruit de pas quand elle glissa vers l’autel.

Kyuzaemon se recoucha, et s’endormit rapidement, mais peu après il fut dérangé par la voix de la femme qui lui faisait ses adieux. Avant qu’il eût le temps de se redresser, elle avait disparu, sans laisser de trace ; le feu brûlait toujours dans le Butsudan.

Kyuzaemon se leva à l’aube et se rendit au village voisin pour voir Isaburo, qu’il trouva chez son beau-père, Yazaemon.

« Oui, » dit Isaburo : « c’était mal de ma part de laisser le père de feue mon épouse quand elle est morte, et je ne suis pas surpris lorsqu’il neige les nuits froides d’être continuellement visité par l’esprit de ma femme pour me le reprocher. Je l’ai revue de bonne heure ce matin, et j’ai décidé d’y retourner. Je ne suis ici que depuis deux heures ».

En comparant leurs observations, Kyuzaemon et Isaburo remarquèrent que l’esprit d’Oyasu, aussitôt quitté la maison de Kyuzaemon, est apparu à Isaburo, une demi-heure environ après minuit, et qu’il est resté avec lui jusqu’à ce qu’il promette de retourner à la maison de son père et de l’aider à vivre dans sa vieillesse.

Voilà en gros mon histoire de la Yuki Onna. Tous ceux qui meurent dans la neige et le froid deviennent des esprits de la neige, apparaissant quand il y a la neige ; tout comme les esprits de ceux qui se sont noyés dans la mer apparaissent uniquement dans les tempêtes en mer.

Même à l’heure actuelle, dans le nord, les prêtres récitent des prières pour apaiser les esprits de ceux qui sont morts dans la neige, et pour les empêcher de hanter ceux avec qui ils sont apparentés.


(1) Sabots.
(2) Autel familial, dans lequel sont disposées les images de divers dieux, ainsi que les tablettes mortuaires de la famille.

happy   dans   Nippon    Lundi 24 Août 2009, 07:06

 



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