Poèmes
Crépuscule. Soudain des rafales...
(Sur l’air : Cueillette des mûres)
Crépuscule. Soudain des rafales
de vent et de pluie
Emportent la chaleur accablante du jour.
Elle cesse de jouer
de sa flûte de bambou
Et devant son miroir
serti de fleurs d’eau,
légèrement, elle se farde.
La soie écarlate de sa robe
est tellement fine
Qu’on voit luire sa peau
blanche comme la neige,
lisse et parfumée.
Souriante, elle se tourne
vers son bien-aimé :
« Ce soir,
derrière les rideaux de mousseline,
la natte et les oreillers
seront frais. »
Cette nuit, fatiguée par le vin...
(Sur l’air : Je te confie le secret de mon cœur)
Cette nuit, fatiguée par le vin,
j’ai retiré bien tard
la parure de mes cheveux,
Piquant une fleur de prunier
dans un vase.
L’arôme du vin et des fleurs
brise mon sommeil de printemps.
Mon rêve s’éloigne,
plus d’espoir de le retrouver.
Les voix s’éteignent.
La lune descend
Derrière les rideaux d’émeraude.
Entre mes doigts je froisse
les fleurs fanées,
Savourant leur dernier parfum,
Tandis que le temps s’écoule.
Je me souviens du pavillon sur la rivière...
(Sur l’air : Une chanson, comme un rêve)
Je me souviens du pavillon sur la rivière.
Après un coucher de soleil noyé dans le vin,
souvent il m’arrivait de m’égarer.
La fête éteinte, je reviens en bateau,
L’esprit embrumé, je m’enfonce
dans un dédale de lotus.
Comment me libérer ?
Comment me libérer ?
Les aigrettes blanches
sur le sable de la rive
soudain se réveillent.
Je suis lasse...
(Sur l’air : Quand mûrissent les baies de l’aubépine)
Je suis lasse, chaque année,
devant mon miroir de jade,
D’orner mes cheveux
de fleurs de prunier.
Cette année non plus
tu n’es pas revenu
Et je tremble
quand arrive une lettre du
Sud du Fleuve.
Depuis ton départ,
je bois peu de vin,
La tristesse a épuisé
mes larmes.
Mes pensées s’envolent
vers les nuages lourds
par-delà l’horizon
Car tu es plus loin
que les confins du ciel...
Le vent s’est apaisé
(Sur l’air : Printemps à Wu-Ling)
Le vent s’est apaisé
et la terre exhale
le parfum des fleurs tombées.
Le soir descend,
mais je suis trop lasse
pour arranger mes cheveux.
A quoi bon, pour qui ?
Ses vêtements sont là,
mais lui n’est plus
et rien n’a plus de sens.
Je voudrais en parler,
mais je fonds en larmes.
Les gens disent
que sur le lac le printemps
est encore beau.
Moi aussi, je voudrais y aller
faire un tour sur une barque,
Mais je crains
que la barque légère sur le lac
Ne puisse pas porter
un chagrin aussi lourd.
Écrit au hasard
Il y a quinze ans,
sous la lune épanouie,
Nous avons composé des poèmes
célébrant les fleurs.
Aujourd’hui, la lune et les fleurs
sont les mêmes,
Mais comment retrouver
les émois de jadis ?
à 10:15