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92 Henri Pourrat, encore et toujours
(1887-1959)

Le Vent de la Montagne

Le vent qui souffle à travers la montagne
Me rendra fou.

Je veux partir, je veux prendre la porte,
Je veux aller

Là où ce vent n’a plus de feuilles mortes
À râteler

Plus haut que l’ombre aux vieilles salles basses
Où le feu roux

Pour la veillée éclaire des mains lasses
Sur les genoux ;

Aller plus haut que le col et l’auberge
Que ces cantons

Où la pastoure à la cape de serge
Paît ses moutons ;

Que les sentiers où chargés de deux bannes,
Sous les fayards,

Le mulet grimpe au gris des feux de fanes
Faisant brouillard.

Ce vent me prend, me pousse par l’épaule,
Me met dehors,

La tête en l’air, le cœur à la venvole,
Le diable au corps.

Il faut partir et prendre la campagne
En loup-garou :

Le vent qui souffle à travers la montagne
M’a rendu fou.

 

Le Trésor des Contes : Le Bestiaire

La Rate Blanche

Il y avait une fois un roi dans un pays à l’autre bout du monde. Et il était marié, mais il n’avait pas eu d’enfants. Faute d’enfants, sa femme et lui s’étaient pris d’amitié pour une rate blanche.

Cette rate blanche, ils en firent miracle ! Sur ses gentillesses, ses tours, ses gracieusetés, il fallait les entendre. Rien qui passât la rate blanche dans leur royaume et par tous les royaumes de la terre.

Si bien qu’un jour, ils allèrent trouver la reine des fées. C’était pour la supplier de changer la rate blanche en vraie personne.

La reine des fées devait leur avoir certaines obligations, — entre fées et rois, reines, on se rend quelques petits services ; — elle s’y accorda.

D’ordinaire les fées changent les fils, les filles de roi en oiseau bleu, si ce n’est en bête pharamine. Là, ce fut à rebours, prodige encore plus relevé. Voilà la rate blanche en princesse, une princesse de si fine grâce ! Elle avait seulement les yeux un tout petit peu roses, le minois un tout petit peu pointu.

Au vrai, les bonnes gens du pays murmuraient. Ils disaient, non toutefois trop haut, car le roi avait des gendarmes, que chienne ne fait pas minette, que la garne, — c’est le bois de pins, — sent toujours le pin ; et vingt autres dictons qui signifient qu’on tient de ses origines.

Le sang ne se perd pas.

Vint un jour où le roi pensa qu’il lui fallait faire comme tous les rois : marier sa fille dans les grandeurs.

« Te faut te marier, ma miette, ma mignonnette ! Dis-moi que tu le veux.

— Je le veux bien, mon père. Mais qui me donnerez-vous pour mari ?

— Qui tu voudras, ma fille, qui tu voudras.

— Mon père, je veux le mari le plus puissant qui puisse être en ce monde. »

Voilà parler, cela.

Le roi y pensa trois jours. Au bout de trois jours, il se dit que l’être le plus puissant qui soit au monde, c’est le soleil.

Le soleil chasse l’hiver, la froidure et la nuit. Il fait pousser les herbes, les feuilles, les fruits, les grains dont les bêtes se sustentent ; et tout ce qui vit tire sa vie de lui, en fin finale.

Le roi retourna parler à la princesse. Il lui dit qu’il allait demander pour elle le soleil en mariage.

La princesse fit la moue.

« Le soleil ? Mais ce n’est pas le plus puissant qui soit au monde ! Il suffit d’un nuage ! La nuée vient, le masque, l’éteint ; plus de rayons ! Il n’y a plus que le brouillard qui passe et l’ombre qui s’étend. Je veux mieux que ce père soleil. »

Le roi se retira. Il y pensa trois jours. Puis il revint dire à sa fille qu’il allait donc demander pour elle le nuage en mariage, le nuage qui remplit l’espace et couvre les royaumes.

La princesse fit la moue.

« Le nuage ? !! Mais il suffit que le vent se lève. Le vent le pousse, le met en charpie, l’emporte et le réduit à rien, dans les distances au fond du ciel. Plus de nuage en un moment. Non, non, moi, je veux mieux que le père nuage ! »

Le roi se retira. Il y pensa trois jours. Puis il revint dire à sa fille que pour elle, en mariage, il allait demander le vent, le vent qui ne veut rien devant lui, et qui sait emporter la mer.

La princesse fit la moue.

« Le vent ? ! On est bien vite hors de la puissance du vent : il suffit de passer à l’abri derrière une muraille, derrière une montagne. Même quand il plie les noisetiers et qu’il déracine les chênes, que peut-il bien contre le mont, sa masse de terre et de roches ? Non, non, moi, je veux mieux que ce vieux père vent ! »

Le roi se retira. Il y pensa trois jours. Puis il revint dire à sa fille que pour elle, en mariage, il allait demander le mont, le mont que la tempête assaille et que la foudre cogne sans jamais l’ébranler.

La princesse fit la moue.

« Le mont ? ! Mais il y a plus puissant que le mont. Il y a celui qui le grignote, de sa dent plus vive qu’une aiguille, le ronge, y mène sa galerie, s’y loge comme dans un fromage, à son plaisir fait de lui son château. Il y a mieux que le soleil, que la nue, que le vent, il y a mieux que le mont. Il y a le rat tranche montagne, le ratou aux dents pointues, si beau, si brave, la merveille des merveilles, et plus puissant que tout ce qu’on pouvait imaginer en ce bas monde : enfin, cela dit tout, le rat ! »

Eh oui, tout était dit.

La princesse le voulait. C’était si bien voulu qu’il fallut que le roi, la reine allassent trouver la reine des fées. A deux genoux ils durent la supplier de rechanger la princesse en rate blanche.

 

Le Trésor des Contes : Le Bestiaire

La Perdrix et le Renard

Il y avait une fois la perdrix, une dame, ah mais ! sur ses jolies pattes rouges. Ce jour-là, elle chantait, entre trois bouquets de bruyère sur une tête de roche.

Le renard l’entendit, le renard approcha.

« Voilà qui est chanter, ma mie! Il n’y a pas rossignol ni fauvette pour filer aussi bien le couplet. Je reconnais le timbre de ta pauvre chère mère... Peut-être, pourtant, ta voix n’a-t-elle pas encore...

Pas encore quoi, renard ?

Je ne sais quoi d’émouvant, qu’avait si bien la sienne. Mais je vois à quoi cela tient.

A quoi, renard, dis-moi ?

A ce que pour mieux se perdre dans le chant, la pauvrette fermait les yeux. »

La perdrix, pour une fois nigaudinette, n’a-t-elle pas fermé les siens ?

Se trémoussant de l’arrière-train, le renard se ramasse. Souplement, il ne fait qu’un bond, ne déclenche qu’un coup de mâchoire. S’étant saisi de la dame aux pattes rouges et trottant d’un pas relevé, il l’emporte ainsi en sa gueule.

La perdrix pourtant est maligne. Si tremblante et défaite soit-elle, elle ne perd pas la navette. Lorsque le renard passe près du pont, elle entend crier les laveuses.

« Le vois-tu, le vois-tu qui emporte la perdrix ! »

« Si j’étais toi, renard, » dit-elle, je leur crierais : « Oui, je l’emporte, lavandières ! Et que ce vous plaise ou non, je la croquerai tantôt ! »

Le renard aime narguer. Il a sauté sur cette occasion-là comme il avait sauté sur la perdrix.

« Oui ! je l’emporte... », a-t-il crié.

A peine a-t-il desserré les mâchoires, que la perdrix hors de sa gueule se jette, et prend son vol, sur la ramée se branche.

Le renard la connaît. Il a compris que beaux discours ne la feraient pas revenir.

« Au revoir, perdrix, lui a-t-il dit, et grand merci à toi, tu viens de m’apprendre une chose, à ne jamais parler sans besoin.

Au revoir, renard, lui a dit la perdrix, et pareillement merci à toi, qui m’as aussi appris une chose, à ne jamais fermer les yeux quand ce ne sera pas pour dormir. »

 

Le Trésor des Contes : Les Amours

Le Mariage Difficile

Il y avait une fois deux prétendus qui se présentèrent au curé pour qu’il les mariât. Il allait procéder à la cérémonie quand il s’avise que le futur est pris de vin. Il ferme tout net son rituel.

« Il y a un petit empêchement. Vous reviendrez demain : aujourd’hui je ne marie pas. »

Le lendemain, ledit futur était aux trois quarts saoul. A peine s’il tenait sur ses jambes.

« Je ne peux véritablement pas le marier, dit le curé. Vous repasserez, si bon vous semble. »

Au troisième jour, les gens à marier se représentent. Et lui, tête ballante, jambes flageolantes, soutenu par la prétendue qui avait grand mal à le tenir sur pied. Saoul totalement, comme une grive de vendanges !

« Mais enfin, s’écria le curé, on ne pourrait pas me l’amener en autre état ?

Monsieur le curé, répondit-elle, comment ferais-je ? Tant qu’il n’est pas à peu près saoul, il ne veut pas venir ! »

 

Le Trésor des Contes : Les Amours

Les Deux Mal Mariés

Il y avait une fois un pauvre homme, assez pauvrement marié. Sa femme était de celles qui font la vie rude au mari, vous savez, une de ces lionnes... Tellement qu’un beau soir, de son mariage ou de quelque autre maladie, il trépassa.

Il se présente à la porte du paradis, ôte son chapeau, le tourne entre ses mains. « Mes pensées d’impatience, songeait-il humblement, et ce besoin de boire bouteille qui me prenait le dimanche pour oublier ma femme, qui sait ce que tout ça va me valoir ? J’ai mérité deux, trois cents ans de purgatoire, peut-être... » Ainsi calculait-il, tandis que saint Pierre étudiait son grand registre.

« Bon, le cas est clair, dit tout à coup saint Pierre, fermant le livre. Tu peux entrer, tu as gagné le Paradis.

— Mais, fit l’autre, qui n’en croyait pas ses oreilles, j’ai eu des manquements. Je m’attends bien à quelque peu de purgatoire.

— Tu étais marié à la Zélie, n’est-ce pas ? Entre, tu peux entrer, tu as fait ton purgatoire sur terre en ton ménage. »

Là-dessus s’avance un autre particulier qui venait d’arriver ; il porte deux doigts au chapeau.

« Alors, dit-il, ça fait que je peux entrer aussi, certainement.

— Oh, oh ? sans purgatoire ?

— Hé, je l’ai fait pareillement avant ma mort.

— Oui, vraiment ?

— Même je l’ai fait triple. Je ne sais pas qui est cette Zélie dont on vient de parler ; mais moi, j’ai épousé la Julie — quel gendarme ! — puis la Génie, puis la Mélie. De mal en pis, toujours.

— Bon, après la première, tu t’es remarié deux fois ?

— Oui, la Julie, la Génie, la Mélie... Voyez d’ici ce que j’ai pu voir !

— Ce que je vois, c’est qu’il n’y a pas de place ici pour toi, mon homme ! »

Et saint Pierre, du bras, lui a signifié nettement de vider les lieux.

« Le Paradis est pour les malheureux : il n’est pas pour les imbéciles ! »

 

Le Trésor des Contes : Au Village

Le Conte du Bouc Communal

Il y avait une fois une vieille fille, qui tenait chez elle un bouc de forte race, encorné et barbu à souhait. Ce bouc, on le sentait de cent pas, et il avait son renom à trois lieues à l’entour.

La maîtresse de la bête avait mis à sa porte une planche qui portait, écrit au noir de sabot : ICI LE BOUC. On y amenait les chèvres de tout le canton ; c’étaient des sous qui tombaient dans sa bourse.

Mais cette vieille fille, qu’on appelait la Toinette, aimait bien sa tranquillité. Ce train-là dérangeait sa grosse chatte blanche. Puis il lui semblait que tenir un bouc n’était pas bien séant à une demoiselle de confrérie.

Le maire le sut. Il alla la voir, lui parla. Puis il en parla aux conseillers. Il leur remontra que tout le monde avait affaire de ce bouc, qu’il avait mérité de devenir bouc communal : qu’il fallait l’acheter, même cher, qu’il rapporterait à la commune.

La Toinette tint la dragée haute. Mais enfin, au troisième jour des pourparlers, elle rabattit encore cent sous et le marché se conclut.

Le lendemain, un paysan amène sa chèvre au bouc qu’on avait mis dans l’étable du maire, et il y avait une planche plus grande, plus belle, qui portait : ICI LE BOUC DE LA COMMUNE. Mais le bouc ne fait pas plus cas de cette chèvre que d’un morceau de bois.

Le paysan, furieux, monte trouver le maire :

« Eh bien, votre bouc n’a pas seulement regardé ma bique !

— Sais-tu, les boucs de bonne race ont de ces fantaisies. Ramène-la quelque autre soir, ça lui aura passé avec la vieille lune. »

Bon. Mais deux jours après vient une vieille menant une biquette blanche, toute jeune. Puis une autre, avec une honnête chèvre rousse.

Sans faire plus de cas de celle-ci que de celle-là, ce bouc continue de manger son herbe dans la crèche.

Voilà le maire à son tour furieux.

« Ce bouc se moque de moi et de tout le conseil ! »

Et il va trouver la Toinette, plein de paroles, plein de reproches.

« Enfin, il y a quelque chose là-dessous ! Depuis que vous nous l’avez vendu, ce bouc ne regarde plus les chèvres !

— Voyez-vous bien, dit la Toinette, ça ne m’étonne pas tellement. Vous l’avez fait fonctionnaire de la commune : bien sûr, il ne veut plus rien faire. »

 


happy   dans   Merveilles    Jeudi 23 Décembre 2004, 15:10

 



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